Au travail de Mme Betterave, ça court dans les couloirs, ça crie, ça parle comme des chiffonniers, ça provoque, ça refuse d'aller en cours, ça tourne le dos, ça joue des tours, ça se fait convoquer avec ses parents, ça dit oui pour faire plaisir...
Au milieu de tout ça, des copies à corriger dans un vacarme incessant, des zéros à la pelle et des écritures informes qui font le tour de la feuille... Mme Betterave désespère, elle ne pourra plus tenir très longtemps.
Entre deux massages de la tempe, on vient l'interrompre. Quoi, encore? - Quelqu'un pour vous à la porte. - Mais je travaille, je n'ai pas le temps! - Ca a pourtant l'air important.
Et elles ne savent pas, les deux jeunes filles, qu'en revenant la voir, après tant d'années pour dire que non, décidément, elles ne l'ont pas l'oubliée, un baume vient envelopper le coeur de cette prof parfois désenchantée.
Elles parlent théâtre, littérature et même médecine.
Elles disent des mots doux, elles montrent de la reconnaissance, elles disent merci.
Et elles s'en vont, le rouge aux lèvres, le noir aux yeux et le talon aux pieds sans se retourner, sur cette prof qui se sent revivre de nouveau à travers elles, mais à travers eux aussi, ceux qui courent dans les couloirs, qui crient, qui parlent comme des chiffonniers...
Recevoir la visite de deux anciennes élèves qui laissent leur mail.
Se rappeler ce qu'il y a de beau dans ce métier.